Retour sur EuroDia Meeting

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« La cellule bêta, du laboratoire au malade »

Organisé à l’occasion du 25ème anniversaire du CeeD, la première édition d’EuroDia Meeting a réuni à Strasbourg un panel d’experts autour de la cellule bêta (β) pancréatique. Dans un souci de mettre en rapport la recherche avec une application concrète pour le patient, les conférences se sont organisées en trois parties : du fondamental au clinique en passant par le préclinique. Cette vision à 360° a offert un aperçu de l’avenir concernant la prévention et le traitement du diabète de type 2, mais aussi de dresser un état des lieux de la transplantation d’îlots chez les diabétiques de type 1.

  • 1/ Approche fondamentale

Professeur à l’Université d’Harvard (Boston, USA), Rohit N. Kulkarni a présenté ses travaux sur la compréhension des mécanismes cellulaires pouvant conduire à une restauration du nombre de cellules β et donc de la glycémie. Il faut rappeler que chez le patient diabétique, le nombre de cellules β (productrices d’insuline) chute au cours de la maladie. Pour la première fois, grâce à des facteurs de croissance produits dans le foie, son équipe a pu induire la réplication de ces cellules, en vue de rétablir la production d’insuline.
Directeur de recherche INSERM travaillant à l’Institut de Génétique Biologique Moléculaire et Cellulaire de Strasbourg (IGBMC), Gérard Gradwohl, tente lui aussi de remplacer les cellules β détruites au cours du diabète. Pour cela, avec son équipe, il a cherché à mieux comprendre comment se fait la différentiation et la maturation des cellules du pancréas chez la souris au stade embryonnaire. Le but ultime est de transformer des cellules souches en cellules β fonctionnelles pour pouvoir ensuite les greffer chez le patient.
Pour conclure cette session fondamentale, Roméo Ricci, Professeur à la Faculté de Médecine de Strasbourg, officiant également à l’IGBMC, a présenté ses travaux visant non pas à la multiplication des cellules, mais à leur protection au cours de la maladie. Avec son équipe il a découvert que, dans un environnement riche en nutriments, la cellule β a paradoxalement tendance à évoluer vers l’autophagie (digestion de la cellule par elle-même). Ce mécanisme cellulaire intervient habituellement en période de carence alimentaire, mais en raison d’une spécificité mal connue de la cellule β, c’est le contraire qui y est observé. Cela renforce encore davantage l’impact négatif d’une alimentation riche sur l’évolution de la maladie.
  • 2/ Approche préclinique

Professeur à l’université de Düsseldorf (Allemagne), Eckhard Lammert s’est intéressé aux récepteurs cellulaires pouvant augmenter la sécrétion d’insuline. Pour cela, il a testé avec succès l’effet d’un médicament contre la toux, le Dextrométorphan. Avec l’aide de son équipe, il a démontré que ce médicament induit une diminution de la glycémie chez le diabétique de type 2 ayant un traitement à la Metformine et cela grâce au blocage de certains récepteurs.

Karim Bouzakri, responsable de recherche au CeeD, a ensuite présenté ses travaux, visant à apporter une explication cellulaire aux aspects bénéfiques du sport sur la maladie. Il s’est ainsi rendu compte que l’activité de certains muscles a un effet protecteur sur les cellules β par l’intermédiaire de myokines, molécules qu’ils produisent. C’est un véritable dialogue entre le muscle et le pancréas qui se met alors en place et sa compréhension permettra dans les années à venir de repenser la thérapie chez le patient diabétique, non seulement au travers du sport, mais aussi grâce à des molécules innovantes qui pourraient être développées à partir de ces myokines.

La greffe de cellules β est un espoir pour les patients diabétiques de type 1, mais les cellules disponibles sont rares (manque de donneurs). Pour répondre à cette problématique, Séverine Sigrist, responsable de recherche au CeeD et CEO/CSO de la spin-off Defymed, pilote un très ambitieux programme de recherche sur la mise au point (par le CeeD) d’un prototype de pancréas bio-artificiel (MAILPAN), mais aussi à la préparation de la mise sur le marché de celui-ci par la réalisation de lots précliniques en vue des 1ers essais chez l’homme (au sein de Defymed). La disponibilité des cellules, leur viabilité à long terme après greffe et le risque de rejet par le receveur sont des obstacles majeurs au développement à grande échelle de la greffe d’ilots. Avec MAILPAN®, les cellules sont confinées dans une poche qui ne laisse passer que les nutriments et ainsi protège la greffe du rejet. Cette méthode permet ainsi d’éviter l’emploi d’immunosuppresseurs et les effets adverses dévastateurs qu’ils provoquent.

  • 3/ Approche clinique

Médecin-chercheur à l’université d’Oxford (Royaume Uni), Ioannis Spiliotis, a présenté le programme de santé publique anglais relatif à la transplantation d’ilots pancréatiques. L’obstacle majeur au développement de la greffe réside dans très grande inégalité entre le nombre de candidats (nombreux) et les organes disponibles (beaucoup plus rares). La solution trouvée a consisté à mettre en place un centre de répartition des organes, habilité à choisir le meilleur receveur en fonction de son profil. Ce centre se charge également de suivre les individus après l’opération et de récolter de précieuses données médicales en vu d’effectuer les greffes les plus judicieuses et d’optimiser ainsi les chances de succès.
Les présentations scientifiques se sont conclues par l’intervention de Laurence Kessler, Professeur des Universités et Praticien aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, qui a présenté l’expérience française de la transplantation et a rapporté la première étude randomisée comparant la transplantation aux autres modes d’insulinothérapie intensifiée. Elle insiste sur le fait que l’objectif n’est plus la recherche à tout prix de l’insulino-indépendance, qui nécessiterait de recourir à 3 donneurs, mais plus celle d’une stabilisation glycémique, qui peut, elle, être obtenue avec moins de cellules greffées, donc moins de donneurs. Cette position rejoint celle de son collègue anglais. Elle rapporte également l’expérience pilote des équipes de pneumologie et de diabétologie de Strasbourg, dans la greffe d’îlots chez des sujets atteints de mucoviscidose et bénéficiant d’une greffe de poumon.

 

Conclusion

Le diabète est une pathologie complexe mettant en relation un grand nombre de facteurs. Pour le traiter, différentes approches sont nécessaires et certaines des plus prometteuses ont été
présentées lors de cette conférence. Que ce soit l’environnement, le patient, ou encore ses cellules, une solution efficace à la maladie se doit d’agir à tous les niveaux. Cette rencontre a ainsi offert une vision globale, partant de la recherche cellulaire fondamentale pour aller jusqu’aux problématiques rencontrées chez le patient.

Informations : eurodiameeting16@ceed-diabete.org

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