Édito

Une nouvelle relation soignant-soigné

Professeur Michel Pinget, Strasbourg

Automne 2020 - Lettre n°35

Il est révolu le temps où l’acte médical se limitait à la consultation au cours de laquelle le médecin, celui qui savait, indiquait au patient le diagnostic, lui prescrivait les soins, surtout les médicaments et le prochain rendez-vous. Le patient, dans la majorité des cas, n’osait alors pas demander plus d’explications que celles que le soignant voulait bien lui asséner.

Le 21e siècle est celui des maladies chroniques et le soigné n’est plus un patient mais un sujet porteur d’une maladie chronique. Celle-ci exige des adaptations du mode de vie tout aussi, et probablement plus, importantes que le traitement médicamenteux. Surtout avec le temps, les conseils médicaux et aujourd’hui les informations (et désinformations) qui circulent sur le net, la personne affectée par de telles maladies acquiert un savoir, qu’elle estime parfois supérieur à celui du soignant, en tout cas complémentaire de celui-ci. Elle revendique légitimement la prise en compte de ses connaissances par le soignant.

L’acte médical n’est donc plus un acte vertical du médecin vers le patient, mais bien un échange, dans le cadre de ce que l’on appelle « la décision partagée » qui précède et oriente la prescription. Cette évolution est évidente car c’est bien celui qui porte la maladie qui doit la gérer au quotidien et pour cela doit acquérir une indispensable autonomie. Si l’on veut que celle-ci soit bénéfique, il faut que le médecin puisse aussi assurer un accompagnement en temps réel de ces sujets, en disposant de moyens humains et techniques complémentaires.

L’Education Thérapeutique du Patient (ETP) permet d’harmoniser la communication entre les deux acteurs et la télémédecine devient un outil indispensable. D’autres acteurs trouvent leur place, notamment les aidants et les patients experts, mais aussi les Infirmières de proximité, les Réseaux de Santé, les Maisons de santé pluriprofessionnelles et maintenant les Centres de Santé.

Bonne lecture de ce numéro, dans lequel certains des aspects que je viens d’évoquer seront abordés.

Bien à vous toutes et tous

Pr Michel Pinget

 

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