Portrait : Camille Hautefaye

Hiver 2018 - Lettre n°28
#athlète #voile #Sport

Camille Hautefaye a 23 ans et est skippeur professionnel. Diabétique de type 1 depuis 7 ans, elle prépare activement une participation aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 avec l’équipe de France de voile.

Quel est votre parcours ? Comment en êtes-vous venue à la voile ?

« Mes parents faisaient de la voile et j’ai commencé à naviguer avec eux. À l’âge de 13-14 ans j’ai commencé à naviguer de mes propres ailes avec mon club de voile et mon département. J’ai fait beaucoup de compétition sur des gros bateaux, avec un équipage de 5-6 personnes à bord. J’y ai fait mes armes.

À l’âge de 18 ans, en championnat de France, j’ai rencontré Jennifer Poret qui naviguait sur un bateau concurrent. Elle m’a proposé de rentrer au Pôle France pour préparer avec elle les JO de 2020 sur un dériveur, un plus petit bateau sur lequel il n’y a que 2 navigateurs. Je n’avais pas d’expérience du haut niveau et on me proposait soudain de m’entraîner avec les meilleurs français et d’embrasser le rêve olympique… Quel challenge de pouvoir rattraper ma dette d’expériences envers les autres jeunes et d’accéder à ce niveau de compétition. C’était même inespéré. Je n’ai pas hésité une seule seconde ! »

Votre diabète est-il / a-t-il été un frein ? A-t-on tenté de vous dissuader ?

« Jamais ! Quand je suis devenue diabétique, mes premières questions en arrivant à l’hôpital ont été : est-ce que je pourrai traverser l’Atlantique à la voile ? Poursuivre la compétition ? À ces 2 questions, on m’a répondu oui, j’ai donc accepté mon diabète. Ensuite, en arrivant à plus haut niveau, on m’a toujours soutenue, et fait confiance sur ma capacité à gérer la maladie. On ne m’a jamais mis de frein là-dessus. Mon diabète est équilibré, je le gère assez bien. »

Quel rapport entretenez-vous avec votre diabète ?

« C’est toujours compliqué pour moi de répondre à cette question. Le diabète fait partie de moi. D’un côté, je le déteste mais en même temps il est là depuis tellement longtemps que je ne peux faire autrement. Je suis diabétique, je le sais, je l’assume et ça ne me pose aucun problème. Maintenant, c’est sûr que si on me propose de l’enlever, je dis oui tout de suite ! »

Quels sont vos objectifs / ambitions ?

« Les jeux olympiques de Tokyo. C’est mon objectif, mon rêve. Y participer serait déjà une belle victoire mais je ne peux m’empêcher de rêver plus ! Ce que je suis en train de vivre, le fait de faire de la voile à haut niveau alors que je viens de l’Est (de Champagne-Ardenne plus précisément), et que je suis diabétique c’est assez fou ! En plus, je n’ai pas du tout le parcours classique des athlètes de haut niveau. Je suis arrivée par une voie tout à fait détournée dans le circuit, sans passer par les écoles de formation… Alors pourquoi s’empêcher de rêver ? »

Quel message souhaitez-vous faire passer au public ? Aux autres diabétiques ?

« Le diabète n’est pas un frein. C’est même une force pour moi. Ça m’a permis d’approfondir plein de sujets, de facettes de ma personne. Cela m’a obligé à m’intéresser à l’alimentation, au sport… On apprend à savoir ce qui est bon pour soi. Je recherche en permanence l’équilibre performant.

C’est une maladie insidieuse qu’on ne sent pas mais qui est toujours là. Si on lui tourne le dos, c’est là qu’elle est dangereuse alors que si on l’accepte elle peut être une force. Pour mieux se connaître. »

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