Soins

L’hypnose : nouvel outil de soins ?

M.W.

Automne 2018 - Lettre n°27

Même si cela reste encore relativement marginal, les applications de l’hypnose dans le champ de la santé se démultiplient ces dernières années, que ce soit dans l’approche de la douleur, du stress, ou encore contre les dépendances (sevrage tabagique ; troubles de l’alimentation…). De nombreuses initiatives se développent aussi bien au niveau des structures de premiers secours que des structures de soins, s’implémentant ainsi à la pratique des professionnels de santé, de toutes les spécialités médicales.

La façon dont l’hypnose agit est connue : elle permet, par un jeu attentionnel impliquant l’imaginaire des patients, de revisiter la réalité et la façon dont le patient la perçoit. Ceci a notamment pour effet :

  • de diminuer l’importance des symptômes d’un certain nombre de pathologies,
  • de développer chez l’individu des comportements inédits, lui permettant de mettre à distance le motif d’une souffrance, voire dans certains cas, de la résoudre.

En France, environ 15 000 professionnels de santé y sont formés. Bien que souvent initialement méfiants et sceptiques, nombre d’entre eux reconnaissent ensuite l’impact de cette pratique dans leur approche du patient.

Les principaux bénéfices évoqués s’appliquent aussi bien à eux-mêmes qu’au patient :

  • limiter ou éviter la prise de médicaments
  • restaurer une proximité avec le patient par le contact verbal
  • rassurer et faire adhérer au processus de soins.

Une étude présentée en juin à St Malo à l’occasion d’un congrès international, par un médecin anesthésiste grenoblois, a permis de démontrer tous les intérêts de l’utilisation de l’hypno-sédation. Cette technique consiste à utiliser l’hypnose associée à des doses plus ou moins importantes d’antalgiques ou à une anesthésie locale, à la place d’une anesthésie générale. Et les résultats sont pour le moins probants : on minore les risques d’effets secondaires et de complications, le patient reprend plus vite ses esprits (évitant ainsi le temps passé en salle de réveil) et peut, en conséquence, sortir plus rapidement de l’hôpital.

Les chercheurs évoquent un taux de réussite de 95% pour un même résultat chirurgical. Ces résultats devraient également retenir toute l’attention des autorités de santé. En effet, en plus des bénéfices immédiats pour le patient (baisse de l’anxiété, diminution des douleurs postopératoires, reprise plus précoce des activités), l’hypno-sédation serait également une réelle source d’économie pour l’hôpital. En diminuant les durées d’hospitalisation, on augmente la capacité d’accueil des services et donc leur rentabilité… CQFD. Attention néanmoins, toutes les opérations chirurgicales ne sont pas éligibles… Mais si on se focalise sur celles qui le sont (chirurgie gynécologique ou dentaire, gastro-entérologie, oncologie…), ça représente déjà un nombre d’actes potentiels non négligeables : 12 millions d’actes d’anesthésies sont effectués chaque année en France dont la moitié pourraient être réalisés par l’hypno-sédation.

En conclusion, nous pouvons dire que l’hypnose a de quoi séduire, et de sérieux arguments. Elle ouvre notamment une voie pour les patients les plus fragiles, présentant un risque accru de complications. Le seul bémol serait peut-être l’appréhension des patients. Mais faisons confiance aux professionnels de santé pour trouver les mots qui rassurent.

Il y a donc fort à parier que nous ne soyons finalement qu’au commencement d’un nouveau pan de l’histoire médicale, et que cette technique sera demain bien plus largement utilisée, pour devenir, pourquoi pas, le nouveau standard.


L’état hypnotique, késako ?

Se mettre en état d’hypnose, ou faire de l’hypnose avec un praticien, c’est reproduire intentionnellement un état de conscience modifiée avec un objectif qui varie selon le cadre dont il est question (détente, soin, évolution personnelle…). L’état hypnotique étant la reproduction d’un état naturel et spontané, tout le monde peut y avoir accès, mais pas forcément de la même façon. Si la plupart des individus répondent bien à des suggestions verbales directes, d’autres auront besoin d’une approche indirecte pour provoquer l’état de conscience modifiée recherchée.

Source : Institut Français d’hypnose


La start-up strasbourgeoise HypnoVR

Lancée en 2016 par deux médecins spécialistes en anesthésie – réanimation et un expert en création d’entreprise, HypnoVR développe des logiciels d’hypnose médicale adaptés à des casques de réalité virtuelle. Cette solution permet d’effectuer des anesthésies sous hypnose afin de diminuer l’anxiété des patients lors de gestes pouvant être douloureux. HypnoVR sort tout juste d’une période de levée de fonds, à l’issue de laquelle ils viennent d’engranger 700 000€ qui leur permettront notamment de déployer à grande échelle la technique développée.


 

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