Soins

Le diabète de type 1 chez l’enfant

Docteur Fatiha Guemazi-Kheffi, Pédiatre, Mulhouse/Strasbourg

Printemps 2020 - Lettre n°33
#Diabète de type 1 #enfant #Enfants diabétiques #histoire #Education thérapeutique #Traitement #Traitement thérapeutique

Un peu d’histoire

Dès l’Antiquité, les grecs et les égyptiens connaissent le diabète. Claude Galien, médecin grec exerçant à Rome (131-201 après J.C.), écrit notamment à ce sujet que «.les reins et la vessie ne cessent d’émettre des urines. Il ne peut s’empêcher de boire et d’uriner.». Mais ce n’est qu’en 1921 que la recherche fait une découverte majeure. En effet, Frederick G. Banting, chirurgien, et John JR. Mac Leod, professeur de physiologie, associé à Charles H. Best et James B. Collip, obtiennent des extraits pancréatiques aux effets hypoglycémiants. Les premières expérimentations sur des chiens diabétiques montrent des effets concluant sur la disparition des symptômes de la maladie. En janvier 1922, Leonard Thompson, garçon de 14 ans atteint d’un diabète au stade de coma, reçoit les premières injections d’extraits pancréatiques, et est alors sauvé. La substance issue des îlots est appelée insuline. Pour cette recherche, ils obtiennent le prix Nobel de Médecine en 1923.

Que se passe-t-il ?

Le diabète de type 1 est provoqué par la destruction progressive des cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas qui secrète l’insuline par notre propre système de défense. Le mécanisme responsable de cette destruction n’est pas entièrement compris. L’hypothèse actuellement retenue fait intervenir trois facteurs.: la prédisposition génétique, l’auto-immunité et l’environnement (encore mal connu, comme certains virus ou facteurs alimentaires). Les signes révélateurs sont le plus souvent la polyurie (uriner très souvent, même la nuit) qui peut être responsable d’une énurésie (faire pipi au lit), quelquefois le premier signe remarqué, et la polydipsie (boire beaucoup). Le tableau se complète en quelques jours ou quelques semaines et les signes cardinaux du diabète sont au complet : polyurie – polydipsie – amaigrissement. La polyphagie (faim excessive avec une absence de sensation de satiété) est moins constante chez l’enfant que chez l’adulte, mais l’amaigrissement contraste avec une conservation de l’appétit. Plus le traitement est précoce, plus les formes graves peuvent être évitées. Le diabète de l’enfant et de l’adolescent est une urgence. Alors si vous remarquez ces signes, consultez un médecin ou un service d’urgence hospitalier au plus vite.

Les traitements actuels

Plusieurs grandes études internationales ont confirmé qu’une amélioration de l’équilibre glycémique à long terme, obtenue avec un traitement intensif par l’insuline comprenant un soutien et une éducation suivie, peut diminuer l’incidence des complications. Un nombre croissant de centres dans le monde ont introduit le concept de traitement intensif par basal bolus dès le début du diabète(4). 53% des enfants ont une pompe à insuline, 44% sont traités par stylo et 3% utilisent les seringues(5).
L’Education Thérapeutique du Patient (ETP) est la pièce maîtresse de la prise en charge du diabète et une éducation structurée à l’auto-prise en charge est la clé du succès. Cette démarche consiste à donner à la personne (enfant, adolescent, parents et entourage) le savoir et les compétences nécessaires pour prendre en charge elle-même le diabète, gérer les crises et « adapter le diabète » à son mode de vie pour traiter au mieux la maladie.

Avenir ou à venir !

Le traitement du diabète de type 1 par insuline a progressé de façon très significative et les progrès doivent continuer pour disposer de traitements qui soient aussi proches que possible de ce que fait le pancréas. On peut citer les analogues ultra-rapides qui permettent de faire les injections à l’issue du repas afin de mieux adapter les doses d’insuline à son appétit ou encore l’automatisation de l’administration de l’insuline via les pompes à insuline. Cela nécessite un système de mesure de la glycémie au long cours et une analyse des données par un système informatique, permettant de régler automatiquement le débit d’insuline administré par une pompe, ce qui diminue voire empêche les hypoglycémies et limite les hyperglycémies. Ce traitement facilite aussi l’autosurveillance glycémique avec les capteurs de mesure du glucose interstitielle, qui évitent ou réduisent le nombre de contrôle de glycémies capillaires, améliorant ainsi la qualité de vie des patients.

 


Le diabète de type 1 (DT1) en quelques chiffres

  • Plus d’un million d’enfants et d’adolescents sont atteints de cette maladie dans le monde(1).
  • En France, 20 000 personnes atteintes de DT1 ont moins de 20 ans, avec une incidence qui augmente de 4% chaque année(2).
  • Plus de 2 000 enfants sont diagnostiqués chaque année, touchant autant les filles que les garçons.
  • 20% des enfants ont déclaré leur diabète avant l’âge de 4 ans.
  • Le nombre de nouveaux cas chez les enfants de 0 à 5 ans a augmenté de plus de 75% en 5 ans(3).
  • Dans la plupart des pays occidentaux, le diabète de type 1 représente plus de 90% des diabètes de l’enfant et de l’adolescent. Le diabète de type 2 devient plus fréquent et représente une proportion significative des diabètes du jeune dans certaines populations à risque.

Sources :

(1) IDF Diabetes Atlas, 8th edn._ Brussels, Belgium: International Diabetes Federation, 2017
(2), AJD 2017
(3) Piffaretti C, Mandereau-Bruno L, Guilmin-Crepon S, Choleau C, Coutant R, Fosse-Edorh S. Incidence du diabète de type 1 chez l’enfant en France en 2013-2015, à partir du système national des données de santé (SNDS). Variations régionales. Bull Epidémiol Hebd. 2017;(27-28):571-8
(4) Recommandations de consensus de l’ISPAD pour la pratique clinique 2018
(5) Le diabète de l’enfant en France en 2017 : où en sommes-nous ?

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