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Le Centre européen d’étude du Diabète, une structure de recherche et d’innovation unique

C.S

Automne 2021 - Lettre n°39
#Innovation #Recherche #30 ans #30ANSCEED

Afin de lutter contre la progression inquiétante du diabète dans le monde annoncée par l’Organisation mondiale de la Santé, le Pr Michel Pinget décida de créer en novembre 1991 à Strasbourg une structure de recherche et d’innovation unique : le Centre européen d’étude du Diabète (CeeD). Il s’agissait d’aller plus avant dans le traitement insulinique des diabétiques, au plus près des attentes des patients et de leurs soignants, mais aussi d’attirer l’attention du grand public sur cette affection alors jugée banale, qui allait pourtant devenir la première épidémie de maladies non transmissibles.

DES OBJECTIFS BIEN DÉFINIS

En créant le CeeD, son président-fondateur a souhaité réunir une équipe de recherche pour développer des traitements de substitution aux injections d’insuline, s’impliquer dans l’observation de la progression du diabète au niveau mondial (via des études épidémiologiques) et contribuer à la sensibilisation de la maladie.

Ainsi tout devait être mis en œuvre pour répondre à deux grands objectifs :

  • supprimer la contrainte des injections d’insuline, surtout pour les enfants (diabète de type 1 – DT1) par une recherche translationnelle sur la thérapie cellulaire
  • confirmer, comprendre et combattre la  pandémie de diabète de type 2 (DT2).

 

RECHERCHE SUR LES BIOMATÉRIAUX

En 1996, le Centre européen d’étude du Diabète a débuté ses recherches sur le pancréas bioartificiel, projet dénommé MAILPAN® (MAcroencapsulation d’ILots PANcréatiques). Porté par le Dr Alain Belcourt, Vice- Président Recherche du CeeD, les deux premières étapes ont été financées par la Commission européenne, via les projets BARP et BARP+. Afin de continuer à développer ses travaux et suite au dépôt de deux brevets (en 2002 sur le traitement des membranes et en 2010 sur la fonctionnalisation des membranes), le CeeD a créé la start-up Defymed en 2011, présidée par le Dr Séverine Sigrist. Le but était de développer des dispositifs médicaux innovants pour traiter les patients de manière physiologique afin d’améliorer l’efficacité clinique de leur traitement ainsi que leur confort.

 

UN LABORATOIRE DE POINTE

Avec plus de 500 m2, le laboratoire de recherche du CeeD dispose de nombreuses salles dédiées à l’histologie, la microscopie, la thérapie cellulaire, la biochimie, la biologie moléculaire, la culture cellulaire (cultures primaires et lignées cellulaires). Un laboratoire de confinement conforme aux normes L2(1) a également été construit et le centre possède la plus importante biobanque du monde en tissus musculaires et tissus pancréatiques humains.

La thérapie cellulaire, premier axe de recherche à avoir été développé au CeeD, consiste à traiter des patients diabétiques via une greffe d’îlots pancréatiques. Grâce à son expérience, le centre bénéficie d’une solide connaissance en matière de compréhension de l’îlot pancréatique et notamment de l’amélioration de sa survie lors de la procédure de transplantation. En effet, malgré des résultats cliniques encourageants, ce traitement présente de nombreuses limites, notamment la perte massive des îlots au cours de la transplantation. Ce sujet a été retenu par l’Université de Strasbourg en 2013 et le laboratoire a été labellisé en qualité d’Unité Mixte de Recherche et Equipe d’Accueil EA 7294 DIATHEC « Diabète et Thérapeutique ».

Le CeeD est également agréé par le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et certifié ISO9001 : 2015 (norme qui établit les exigences relatives à un système de management de la qualité).

 

RECHERCHE SUR LE RENFORCEMENT ET LA PROTECTION DES ÎLOTS

En 2016, le CeeD accentue ses recherches sur la thérapie cellulaire avec l’arrivée du Dr Karim Bouzakri en tant que Directeur du laboratoire. Top 10 des chercheurs dans l’insulinorésistance et le diabète de type 2, il est pionnier dans l’étude des relations entre le muscle et le pancréas. Les projets de recherche du centre vont donc naturellement se concentrer sur ce sujet.

Le diabète résulte, entre autres, d’une résistance à l’insuline de ses tissus cibles et d’une perte de masse et de fonction des cellules bêta, en charge de la production d’insuline. Ces cellules sécrétrices se situent dans les îlots de Langerhans du pancréas. Le CeeD a prouvé que le muscle sécrète des molécules en réponse à l’exercice, qui se retrouvent dans le sang et qui agissent sur différents organes de notre corps, comme le pancréas. Ce dernier, en charge de la régulation du taux de sucre dans le sang, est en effet fortement endommagé chez les patients diabétiques. Il a également démontré que tous nos muscles n’ont ni le même profil sécrétoire ni le même capital génétique et donc pas le même dialogue fonctionnel avec le pancréas. Une activité non adaptée à une personne diabétique peut donc participer à la destruction de son pancréas. Il a été prouvé que les muscles de résistance (par opposition aux muscles d’endurance), comme le triceps, sont de loin les plus intéressants pour améliorer le fonctionnement des cellules pancréatiques productrices d’insuline.

Le centre a enfin identifié précisément les molécules émises par le muscle qui protègent le pancréas face aux agressions du diabète, comme la myokine X. Isolées, elles offrent de véritables perspectives pour créer des traitements à destination de toutes les personnes à risque d’être diabétiques ou déjà malades, et pour lesquelles il n’existe malheureusement aujourd’hui aucun traitement permettant de guérir la maladie. Les travaux mettent en évidence l’effet bénéfique de produits issus du muscle, notamment la myokine X, sur la résistance et la survie des îlots au cours de la greffe, mais aussi à toutes les étapes des diabètes.

Cela a abouti :

  • au dépôt d’un brevet en 2018 sur les effets de cette myokine X dans le traitement des diabètes
  • à la création en 2020 d’ILONOV, start-up dédiée au développement de nouvelles biothérapies ciblant la prévention et le traitement des diabètes. Elle permet ainsi d’entrer dans les phases de développement préclinique afin d’aboutir au produit qui sera un médicament de type biologique, avec une première administration chez l’Homme début 2024.

 

OBJECTIF 2030 : « POUR VOIR LE FUTUR, IL FAUT REGARDER DERRIÈRE SOI »

En 2021, le CeeD fête ses 30 ans d’existence. 30 ans de recherche, d’innovation, de projets et d’actions possibles grâce à des équipes engagées. C’est l’occasion de faire un bilan sur tout ce qui a été réalisé et surtout de se fixer de nouveaux objectifs.

3 DÉFIS POUR LE CEED À HORIZON 2030 :

  1. Développer et rendre accessible la première biothérapie curative pour le diabète de type 1 L’objectif est de rendre la greffe d’îlots pancréatiques accessible à tous les patients DT1 qui en ont besoin afin de les guérir définitivement. Cela passe par l’amélioration de la robustesse des îlots et la qualité de leur environnement durant toute la procédure de greffe grâce à l’association de la myokine X.
  2. Détecter, évaluer et prévenir le risque de développer un diabète de type
    Plusieurs moyens sont à mettre en place :

    • déployer des formations auprès des professionnels sur les thématiques de la prévention, nutrition, sport, dépistage et prise en charge du DT2
    • développer un test fonctionnel de médecine personnalisée pour le dépistag
    • traiter pour éviter la perte de la fonction de sécrétion d’insuline des cellules pancréatiques et ainsi prévenir l’apparition d’un DT2.
  1. Protéger les fonctions cognitives chez le patient diabétique de type 2
    Il faut réduire l’accélération par le diabète de la perte des fonctions cognitives liée à l’âge, grâce à un meilleur accompagnement du patient et au développement d’un traitement. Il est important d’accroître la formation des professionnels de santé (en Education Thérapeutique du Patient, par exemple), d’évaluer l’utilisation de la myokine X comme traitement en stade pré-clinique et de réaliser une étude multicentrique autour d’un protocole thérapeutique.

 

 

(1) Laboratoire permettant d’assurer une maîtrise de la contamination biologique, c’est-à-dire une protection des chercheurs et de l’environnement vis-à-vis des agents qui y sont manipulés.

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