Soins

Comment injecter l’insuline : de nouvelles recommandations

Docteur Michel Gerson

Automne 2016 - Lettre n°20
#Diabète de type 1 #Insuline #Injection

Une vaste enquête internationale sur plus de 13 000 patients traités par insuline montre  la fréquence des mauvaises techniques d’injection et de l’utilisation d’aiguilles trop longues. ces mauvaises pratiques sont de nature à entraîner la survenue de lipodystrophies. ces anomalies du tissu sous-cutané peuvent favoriser la survenue d’hypoglycémies.
C’est dire l’intérêt du travail d’un groupe d’experts, issus de trois continents, qui s’est appuyé  sur près de 300 publications pour mettre à jour des recommandations sur les bonnes pratiques d’injection.

Nous en avons extrait quelques données utiles en pratique quotidienne pour les patients et les soignants.

 

 

Quelle longueur d’aiguille ?

Les aiguilles de 4 mm sont suffisamment longues pour atteindre  les tissus sous-cutanés, avec un risque minime d’injection intra-musculaire (susceptible de modifier l’absorption d’insuline) et cela quels que soient l’âge et le surpoids éventuel. Elles sont donc conseillées.

 

Pli ou pas ?

L’aiguille doit être introduite perpendiculairement à la peau mais, chez l’enfant de moins de 6 ans et chez l’adulte très mince, un pli peut être effectué.

 

Quelles zones d’injection ?

Les sites suivants sont recommandés : abdomen, cuisses, fesses, partie supérieure des bras. Chez la femme enceinte, l’abdomen peut être utilisé, avec un pli à partir du deuxième trimestre. Il ne faut jamais injecter dans un site où il y a des lipodystrophies ou des lésions cutanées.

 

Désinfecter ou pas ?

En règle générale, il n’est pas nécessaire de désinfecter. Les experts recommandent de désinfecter si le site d’injection n’est pas propre et lorsque l’injection est effectuée en milieu hospitalier ou en EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes).
Quelle rotation des sites d’injection ?

La rotation des sites d’injection doit être systématique ; l’insuline ne doit pas être injectée à moins d’1 cm des précédents sites. Le professionnel de santé doit fournir aux patients un schéma de rotation adapté. Pour les analogues d’insuline, les sites sont tous équivalents en terme de résorption.
Réutiliser les aiguilles ?

Les experts déconseillent la réutilisation des aiguilles qui pourrait être associée à un risque accru de lipodystrophie. partager un stylo avec un autre patient ? Cette pratique est formellement contre-indiquée en raison du risque infectieux.

 

Toutes ces bonnes pratiques constituent le « noyau dur» de l’éducation thérapeutique à l’injection d’insuline. L’apprentissage du dépistage des lipodystrophies en fait aussi partie ; lorsqu’une suspension d’insuline (trouble alors que les solutions sont limpides), comme la NPH ou les « mix » est utilisée, l’homogénéisation (en secouant le stylo) et les différences de résorption, selon le site d’infection, font également partie de ce noyau dur.

 

Source : Mayo Clin Proc. Septembre 2016. www.mayoclinicproceedings.org

 

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