Édito

Edito

Pr Michel Pinget, Strasbourg

Printemps 2022 - Lettre n°41

Le diabète, encore et toujours dans les feux de l’actualité

La COVID-19 a apporté un éclairage sur les risques que fait courir le diabète, dans la mesure où les personnes atteintes ont été très fortement affectées par les formes sévères et que près de 30 % des patients décédés lors des premières vagues étaient porteurs d’un diabète.

De plus, la Fédération Internationale du Diabète, qui dresse tous les ans le bilan de l’évolution du diabète dans le monde, continue à nous alerter sur l’augmentation constante du nombre de diabétiques, nombre qui devrait doubler d’ici 2040 avec en corollaire une évolution comparable du coût de cette maladie chronique.

Nul n’ignore que cette évolution a une origine génétique. Nos gênes ont été sélectionnés au fil du temps pour nous permettre de stocker le glucose et d’en économiser l’utilisation, les enjeux des siècles derniers étant notamment la privation alimentaire et l’activité physique obligatoire. L’explosion du diabète de type 2 depuis le début du 21ème siècle vient en grande partie du bouleversement de notre mode de vie.

On sait enfin que l’explosion du diabète est toujours plus forte au décours d’événements entraînant la souffrance d’un peuple, notamment lorsqu’il est exposé à d’importantes restrictions alimentaires et autre stress. Cela a notamment été prouvé suite à des génocides, comme celui des Khmers Rouges il y a 50 ans, responsable aujourd’hui d’une forte prévalence chez les survivants, notamment cambodgiens. Ces épisodes dramatiques ont très probablement aggravé l’expression des gènes prédisposant au diabète ou modifié celle d’autres gènes.

Aujourd’hui, l’armée russe a décidé d’envahir l’Ukraine en soumettant la population civile à des agressions inacceptables. Tous les experts s’accordant pour considérer que cette guerre risque de durer et que la population sera de plus en plus exposée, il est plus que probable que la santé future des belligérants et des civils va être profondément altérée dans les années qui suivront la fin des hostilités. Ce sont malheureusement les conditions pour voir la fréquence du diabète aumenter dans cette Europe Orientale, et ce pour les deux générations à venir. Et comme très probablement le peuple russe va aussi subir des sanctions, il risque également de voir les maladies chroniques progresser.

Espérons qu’à la fin de ce drame une vraie politique de santé soit mis en place afin de lutter contre le diabète !

Professeur Michel PINGET

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