Soins

Diabète gestationnel : et après l’accouchement ?

Dr Sabine Baillot-Rudoni

Hiver 2016 - Lettre n°17
#Glycémie #Alimentation #Activité physique #Diabète gestationnel #Dépistage

La prévalence du diabète gestationnel a connu ces dernières années une augmentation significative. Il toucherait aujourd’hui près de 10 à 20% des femmes enceintes selon les critères de diagnostic utilisés et le type de population. Sociétés savantes et groupes d’experts internationaux cherchent aujourd’hui un consensus de dépistage, afin de cibler au mieux les femmes à risque et à optimiser la prise en charge, car le diabète gestationnel représente un danger réel tant pour la maman que pour le foetus. En effet, les liens entre glycémie maternelle et bien-être foetal, ne sont aujourd’hui plus à prouver.

La survenue d’un diabète gestationnel constitue un facteur prédictif de l’apparition quelques années plus tard d’un diabète de type 2 (DT2).

Il multiplie ainsi par 5 le risque de développer un DT2 dans les 5 années suivant la grossesse et par 9,3 les années suivantes. Il y a donc un enjeu évident de prévention, résidant dans le suivi au long cours de ces femmes assises sur une véritable bombe à retardement.

La Haute Autorité de Santé (HAS) a intégré cette problématique à ses recommandations, incluant le suivi de ces femmes au suivi habituel effectué par leur médecin traitant, leur gynécologue ou leur sagefemme,
qui devront veiller :

  • au suivi de la glycémie et des facteurs de risques cardio-vasculaires associés,
  • à leur alimentation et la pratique d’une activité physique régulière.

Un dépistage du diabète devra ainsi être régulièrement effectué dans les 3 années qui suivent la grossesse.

Mais ne faudrait-il pas aller au-delà ? Plusieurs études se sont intéressées au ressenti des femmes qui ont été touchées par un diabète gestationnel. Il en ressort en synthèse :

  • Qu’il existe aujourd’hui de fortes disparités de prise en charge ; les patientes recevant des informations très
    hétérogènes ;
  • Que le risque de développer un diabète de type 2 est globalement connu de ces femmes mais que seul un tiers d’entre elles connaissent les mesures de prévention à mettre en œuvre (mesures hygiéno-diététiques) ;
  • Qu’un changement de comportement est difficile à maintenir sur le long terme, notamment en l’absence de suivi ; elles auraient ainsi réellement besoin d’un soutien plus rapproché, de coaching.

Certains centres proposent ainsi une consultation de suivi en service de diabétologie, dont les effets mesurés sont très positifs. L’implication du médecin traitant dans le suivi est également très importante (notamment pour la prescription régulière d’examens biologiques). L’encouragement à l’allaitement intensif (soit pour des femmes allaitant plus de 80% du temps) pourrait également présenter un intérêt car il augmenterait la sensibilité à l’insuline.

Conclusion :

la prise en charge du diabète gestationnel représente aujourd’hui un enjeu majeur, dont la qualité du suivi postpartum devra permettre de prévenir ou de retarder la survenue d’un DT2.
De manière synthétique et mnémotechnique la mise en place de la méthode ABCDE (Allaitement – Biologie – Consultation – Diététique – Exercice), devrait permettre de répondre, si elle était généralisée, au moins en partie à cette problématique.

 

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