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Peut-on ralentir l’apparition d’un diabète de type 1 ? Résultats encourageants, mais très preliminaires d’un traitement par immunomodulation

Pr Michel Pinget, Strasbourg

Automne 2019 - Lettre n°31
#Diabète #immunomodulation #Diabète de type 1 #Traitement #Complications


Dans le numéro précédent, je rapportais les résultats d’une étude chinoise montrant que la mise en œuvre de mesures hygiéno-diététiques (activité physique et alimentation équilibrée) au stade de pré-diabète permettait de ralentir l’apparition d’un diabète de type 2 et des complications liées au diabète (voir lettre IPS n°30). Un récent article paru le 9 juin 2019 dans le « New England Journal of Medicine », revue scientifique de référence, laisse entrevoir la possibilité de ralentir également la survenue d’un diabète de type 1 chez des sujets prédisposés.

Le diabète de type 1, qui débute le plus souvent chez l’enfant, est une maladie auto-immune. En effet, c’est une mauvaise réponse des lymphocytes (cellules naturellement destinées à la protection immunitaire) qui va provoquer une autodestruction des cellules productrices d’insuline et conduire au diabète de type 1. Cette réponse inappropriée reflète probablement une prédisposition génétique, très peu héréditaire.

Il est raisonnable, dans ces conditions, d’imaginer qu’un traitement immunomodulateur, réduisant l’agressivité de ces lymphocytes, puisse ralentir la destruction des cellules à insuline et donc ralentir l’apparition du diabète de type 1 chez des sujets prédisposés. Toutefois, les études dans ce sens n’ont jusqu’à présent pas prouvé grand-chose.

Or une équipe de médecins américains, travaillant dans des services de diabétologie adulte et pédiatrique mais aussi dans des départements d’immunologie, vient de publier des résultats encourageants, bien que très préliminaires, d’un traitement par un immunomodulateur, le Teplizumab, chez des apparentés de diabétiques à haut risque de diabète de type 1.

Ils ont sélectionné 76 apparentés de personnes DT1 (dont 55 avaient moins de 18 ans) et qui présentaient un risque important de développer rapidement un diabète de type 1, en raison de la présence dans leur sang de 2 auto-anticorps anormaux (témoins d’une réaction auto-immune) et avec déjà une hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO) de type diabétique.

 

44 d’entre eux ont reçu un traitement de 14 jours par le Teplizumab, un anticorps anti-CD3 réduisant la réponse auto-immune ; les 32 autres un placebo durant la même période. Ils les ont ensuite suivis par HGPO tous les 6 mois.

Ils ont constaté dans le groupe des sujets traités versus le groupe placebo :

  • Une apparition en moyenne plus tardive du diabète : 48,4 mois vs 24,4 mois
  • Une incidence de survenue annuelle du diabète plus faible : 14,9% vs 35,9%
  • Au total moins de diabètes diagnostiqués : 19 (43%) vs 23 (72%)

Ces bénéfices observés peuvent être corrélés à des indicateurs de réduction de la réponse auto-immunitaire et d’amélioration de la sécrétion insulinique.

Ces résultats sont évidemment encourageants, mais attention, cette étude doit être prise avec précaution pour plusieurs raisons :

  • Le traitement n’est pas dénué d’effets secondaires, et comme dans tous les traitements par anticorps monoclonaux, les patients du groupe traité ont présenté des éruptions cutanées et ont vu leur taux total de lymphocytes baisser, heureusement de manière transitoire.
  • La population étudiée est très faible (76 sujets) et surtout sélectionnée sur le lien familial et l’existence connue d’anomalies biologiques avancées. Ces résultats ne peuvent à ce stade être extrapolés à tous les apparentés de diabétiques, a fortiori à une plus large population.
  • Enfin seuls certains sujets répondent positivement, notamment ceux qui sont HLA-DR3-négatifs et HLA-DR4-positifs et négatifs pour un antigène de transport du zinc.

 

Cela reste quand même un grand rayon de soleil dans un ciel qui n’a pas toujours été bleu.

 

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